Un prix ; ça se construit, se négocie et se détermine… dans la transparence. Le prix payé aux producteurs de lait ne peut pas faire exception à cette règle. Sinon, il devient l’objet de contestations et de manifestations légitimes comme nous l’avons vécu cet été. L’algèbre montre ses limites dans des relations commerciales déséquilibrées. Être moderne, c’est construire un contrat équilibré. Mais il est vain de définir des indicateurs pertinents ou de triturer des chiffres si les conditions de leurs utilisations -un climat de confiance- n’est pas installé. Il faut la construire. La marche est haute. Il suffit de regarder le comportement des acteurs de la filière suite aux tables rondes laitières. L’action de la FNPL pour revaloriser le prix du lait a trouvé un écho favorable auprès des enseignes de la distribution. Par contre, la tentation de certains transformateurs d’appliquer la devise historique: récupérer le beurre (celui des distributeurs) et l’argent du beurre (l’argent des producteurs) à été forte! La FNPL entend récupérer directement ce qui revient aux éleveurs. Il faut conditionner le maintien des tarifs d’achat des distributeurs à des engagements réels sur la valorisation du lait aux producteurs. C’est créer une chaîne alimentaire de valeurs : valeurs économique, territoriale et même morale entre les acteurs … Car le prix du lait, ce n’est pas qu’une histoire de chiffres mais de femmes et d’hommes, de territoires, de produits français diversifiés et beaucoup d’emplois … La filière laitière ne montre pas le meilleur d’elle-même depuis quelques mois. Elle nourrit plus de rancunes, de mépris et de rumeurs entre ses acteurs. Lorsqu’un grand groupe laitier fustige à longueur d’année, dans ses publications « maison », le méchant syndicalisme, on peut se demander qui met de l’huile sur le feu. « Le syndicalisme majoritaire se lance dans une bataille de chiffres sur le prix du lait sans fondement » écrit Lactalis. Etrange conception de la « confiance » que Lactalis appelle pourtant de ses voeux ! Je veux que cette guérilla cesse. C’est pourquoi la FNPL souhaite fédérer les bonnes volontés et les consolider sous la forme d’une charte laitière de valeurs, basée sur la transparence. C’est à cette condition qu’il sera possible de récupérer, sur le long terme, du prix pour les producteurs. Ce doit être l’occasion de lutter efficacement contre le poison de la volatilité qui déstabilise nos fermes.